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4- La guerre


Mais l’ordre de mobilisation tombe. Louis PERGAUD est envoyé à Verdun. Il est raisonnablement confiant. D’abord au dépôt, il voit passer les premiers blessés, les premiers prisonniers, les premières erreurs, d’un conflit qui va s’éterniser. En octobre, il est au front, dans la région de la Woëvre. Il observe, il prend des notes, il accumule les impressions : il ne restera pas muet. Il assiste à un carnage horrible où le courage des combattants est souvent anéanti par des ordres d’une opportunité douteuse : il témoignera dans un livre de guerre qu’il se promet d’écrire. Mais les semaines passent, et de nombreux pressentiments l’envahissent.

Le soir du 7 avril 1915, il reçoit l’ordre d’attaquer la côte 233 de Marchéville, dans la nuit, à 2 heure du matin. Il pleut. Le sous-lieutenant PERGAUD, à la tête de ses hommes, sort de la tranchée de départ. On franchit deux rangs de fils barbelés, à quelques mètres de la tranchées ennemie. Une fusillade nourrie les accueille et décime les assaillants. PERGAUD, blessé au pied, demande à ses soldats de poursuivre l’offensive. Aux premières lueurs du jour, les rescapés peuvent se replier. Leur chef n’est pas avec eux. Les brancardiers allemands transportent les blessés qui sont déposés derrière les tranchées, dans l’attente d’une prochaine évacuation. C’est ce moment que choisit l’artillerie française pour bombarder les lignes adverses. La première salve déchiquète les blessés. Une mort atroce pour tous ces hommes (parmi lesquels peut-être Louis PERGAUD), qui n’auront pour tombe que la boue de la Woëvre.

A 33 ans, l’auteur de "La guerre des boutons" disparaissait en pleine gloire littéraire naissante. Que nous réservait-il ? "Lebrac Bûcheron" était en chantier. "La grande équipée de Mitis", roman d’un chat, était prévu. "Le journal des 12 lunes de la forêt" aurait été un vaste panorama de la vie animale, justifiant ainsi le surnom de "Balzac des bêtes" attribué à l’écrivain. Mais à quoi bon cette énumération ? Son oeuvre réalisée, si courte soit-elle, suffit à maintenir son nom au firmament de la littérature.