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3- A Paris


Louis Pergaud C’est une vie de collégien qui l’attend. Vivant chichement avec Léon DEUBEL, dans une chambre sordide, Louis PERGAUD travaille à la Compagnie des Eaux. Dès septembre 1907, il demande à Léon BOCQUET, directeur du "Beffroi", le moyen de publier son deuxième recueil de poésies qui paraîtra au printemps 1908 : "L’Herbe d’Avril". Mais la grande affaire, c’est l’arrivé de Delphine. Ils s’installent rue de l’Estrapade avec... DEUBEL. Le côté bohème du poète gêne le nouveau couple. Discrète, Delphine s’arrange pour ouvrir les yeux à Louis. Un jour, DEUBEL comprendra qu’il est de trop et le ménage se retrouvera enfin libre de vivre pleinement son union.

Le 2ème recueil a introduit PERGAUD (photo ci-jointe) dans les milieux littéraires. Magnifiquement encouragé par Delphine, l’écrivain se lance à plume perdue dans l’écriture. Conscient de ses limites poétiques, il se tourne vers le récit animalier qu’il sent bouillir en lui. Il travaille ferme. En novembre 1909, il redevient enseignant pour avoir davantage le temps d’écrire. Les bêtes de sa Comté revivent tout au long des pages qu’il remplit ; ses yeux se noient dans les souvenirs de ses courses champêtres et forestières ; son esprit rallume les récits tant de fois répétés (et si savoureux !) de Papa DUBOZ. En juillet 1910, il épouse Delphine. En août, le "Mercure de France" publie "De Goupil à Margot" qui passe dans les mains des membres de l’Académie Goncourt.

Le 8 décembre 1910, le prix Goncourt, 8ème du nom, est attribué à Louis PERGAUD, après 3 tours de scrutin. Il a 28 ans. Son premier livre est couronné. PERGAUD prend sa revanche sur la vie. "De Goupil à Margot" va battre des records de vente. C’est plus qu’un succès : c’est un triomphe ! Cette consécration lui apporte l’aisance. Les 5000 francs du prix lui permettent de louer un appartement plus vaste, d’enrichir son mobilier et, bien sûr, de se faire un nom dans la littérature puisque les lecteurs confirment le choix des Goncourt. Certes, toutes les critiques ne sont pas flatteuses, mais son bestiaire touche le public. En 1911, il récidive dans le genre avec "La Revanche du Corbeau" qui connaît un succès moindre.

Partie de Chasse 1912, c’est l’année de "La Guerre des Boutons" qui fera connaître Landresse sous le nom de Longeverne. Une bouffée de fraîcheur juvénile, une épopée savoureuse, un plaisir pour le lecteur retrempé dans une enfance saine et vigoureuse.

1913 : "Le Roman de Miraut" le hisse d’un cran dans le monde littéraire. Louis PERGAUD a affûté son style, trouvé son rythme. Sa sève, c’est son terroir. Dans l’ombre, Delphine joue son rôle : elle est là ! Sa présence équilibre, rassure. L’écrivain trouve la maîtrise totale de son talent grâce à sa femme. Il en est pleinement conscient, puisqu’il écrit : "Si je dois passer à la postérité un jour, je veux [...] que nos deux noms soient unis dans la gloire comme nos deux coeurs l’auront été dans la vie".

Mais l’année 1913 est soudain obscurcie par une terrible nouvelle : Léon DEUBEL s’est jeté dans le Marne ! Ces douloureux moments vont freiner l’oeuvre créatrice de Louis PERGAUD. Durant plusieurs mois, il se consacrera uniquement à défendre la mémoire de son si cher ami. En vacances à Landresse, il met au point un recueil, choix de poèmes de DEUBEL, sous le titre "Régner".

Alors il se penche sur un ensemble de nouvelles villageoises où sont croqués les paysans de son plateau avec une précision qui n’a d’égal que le talent de la mise en scène. Toute la vie franc-comtoise, dans ses aspects les plus divers et les plus cocasses, est évoquée humoristiquement. Les personnages sont vrais, ni enjolivés, ni enlaidis, à peine transposés. De plus, ils évoluent dans une atmosphère et des paysages qui sont bien ceux de Landresse d’avant 1914. Ces contes sont remis à monsieur VALLETTE, directeur du "Mercure de France", durant l’été 1914. Ils doivent être publiés sous le titre "Les Rustiques".