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Renaissance
De Louis Pergaud


J’ai grandi, libre et sain, comme un arbre en plein vent,
L’air vif de la Comté tanna ma rude écorce
Et, gonflant de santé les bourgeons de ma force,
Me fit un front farouche avec un coeur d’enfant.

Le malheur, paternel, a veillé sur mes ans,
Les destins déchaînés ont fait fléchir mon torse
Sans que la peur, ce vin dont le désir se corse,
Ait fait chanter plus clair les sources de mon sang.

J’ai jeté ma jeunesse au loin comme un manteau
Dont je laisse, pensif, du fond des capitales
Polluer la blancheur et froisser les lambeaux ;

Mais des désirs puissants ont rénové ma sève
Et les haines soufflant des montagnes natales
Ne pourront plus courber les tiges de mon rêve.